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Cycle de cours par Élisabeth Rigal,...
Conférencière : Valéria Rousseau -...
Exclusivité web !
4414-007
Cycle de cours par Élisabeth Rigal, philosophe, chercheur émérite au CNRS. Elle travaille et publie dans le champ de la philosophie contemporaine... [Détails]
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N°1 - HANNAH ARENDT, THÉORICIENNE DU POLITIQUE
N°2 - L’ENQUÊTE HISTORICO-POLITIQUE : NATIONALISME, RACISME, ANTISÉMITISME
N°3 - LA « DOMINATION TOTALE » : LES ROUAGES ET LE MODE DE FONCTIONNEMENT DE L’ÉTAT TOTALITAIRE
N°4 - L’HORREUR TOTALITAIRE COMME « MAL RADICAL »
L’objectif du cycle que je propose est de présenter les différentes analyses qu’Hannah Arendt a consignées dans Les Origines du totalitarisme et de soumettre à l’examen les thèses qu’elle y met en avant – thèses qui ont fait couler beaucoup d’encre et qui font aujourd’hui encore l’objet de vifs débats, car les questions qu’elles soulèvent sont toujours d’actualité.
Ce livre, paru en 1951 et significativement sous-titré « Le fardeau de notre temps », est un ouvrage fort volumineux qui se présente comme une trilogie : (tome 1) L’Antisémitisme, (tome 2) L’Impérialisme, (tome 3) Le Totalitarisme. H. Arendt semble bien avoir commencé à réunir les matériaux historiques présentés par les deux premiers tomes dès la fin des années 30, suite au « choc » que fut pour elle la prise de pouvoir par Hitler. Mais ce n’est que bien plus tard qu’elle a conçu le troisième tome où elle s’attache à théoriser l’ensemble de ces matériaux en vue rendre compte de l’émergence des mouvements totalitaires et de percer à jour l’essence de l’État totalitaire (dont elle montre qu’il possède deux figures jumelles : le national-socialisme et le stalinisme).
Dans une lettre de 1946 où elle présente une ébauche du tome 3, elle affirme que les phénomènes totalitaires sont l’« amalgame de certains éléments que l’on retrouve dans toutes les situations et tous les problèmes de notre temps ». Et dans son livre, elle montre que ces éléments, par lesquels il convient de caractériser la condition de l’homme moderne, sont l’isolement et la désolation : isolement des individus qui se meuvent dans des sociétés atomisées d’où a disparu toute préoccupation à l’égard du bien commun, et qui se trouvent confrontés à la désolation du monde (c’est-à-dire à un monde qui ne parvient plus à faire monde). Elle montre aussi que l’État totalitaire s’appuie sur ces deux éléments pour transformer la société en une masse homogène portée par une « effrayante solidarité négative » et pour substituer au monde réel un « monde fictif » dont la propagande fait croire qu’il est le monde véritable.
« Dans un régime totalitaire parfait », écrit-elle, « les hommes sont devenus Un Homme » : non content de ne plus agir mais de seulement de réagir, ils réagissent tous de la même façon, tels des automates. À ses yeux, le trait le plus marquant du pouvoir totalitaire tient en effet à ce qu’il ôte à tout un chacun la possibilité de prendre quelque initiative que ce soit – à ce qu’il élimine la « spontanéité humaine en général » : il supprime la liberté d’expression, de mouvement, etc., il verrouille par avance toute capacité de résistance, et il annihile de surcroît la capacité même de penser. Aussi est-ce la terreur qui révèle la véritable nature du totalitarisme. Et les camps de concentration et d’extermination constituent le « laboratoire » de la « domination totale » qu’il fait régner sur monde.
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